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L'église de Saint-Martin-sur-Oreuse

Eglise de Saint Martin Eglise de Saint Martin: clocher

Texte écrit par Etienne Meunier

L'église du village est dédiée à saint Martin (+ 397). Ce saint de Pannonie est remarquable à trois titres:

  • il a introduit le monachisme sur le continent ouest-européen,
  • une fois devenu évêque de Tours, il a entrepris l'éradication du paganisme dans les campagnes du nord de la Gaule,
  • il est fêté deux fois l'an: en été et en hiver (le 11 novembre).

Célébré dans toute l'Europe, il donne son nom à des milliers de villages. Dans les environs, il est honoré sur l'Ouanne, l’Ocre, au Tertre, à Beaussery, etc..

C'est sans doute au titre de déracineur du paganisme qu'il a été choisi pour la dédicace paroissiale. Il est permis de supposer la pré-existence d'un lieu de culte païen.

L'église est construite avec des blocs de grès équarris de la vallée, très correctement appareillés. Le bâti ancien semble être du XIIIe siècle. Le vaisseau mesure 36,5 mètres. Les deux nefs font 13,5 mètres. Au dessus des voûtes actuelles, la toiture est lambrissée de planchettes de bois. Au centre de la voûte, un cordon de bois est sculpté sur les charpentes faîtières, orné tantôt de losanges, tantôt de cordages.

Le village de Saint-Martin a terriblement souffert de la guerre de Cent Ans. Son église n'a pas profité de la reconstruction de la fin du XVe siècle. Les arcs et départs d'arc qui figurent sur les murs extérieurs nord paraissent témoigner de la disparition d’un bas-côté.

Sur le massif de l’ancien mur occidental de la nef disparue a été construit une tour d’accès aux combles et au clocher. Elle est éclairée sous sa toiture par une ouverture horizontale défendue par six poutres verticales. On y entre à l’Est par une porte basse.

Eglise de Saint Martin: combles Eglise de Saint Martin: escalier Eglise de Saint Martin: mur nord bouché
Combles planchettes accrochées au latis Tour de l'escalier d'accès au combles Mur nord collatéral bouché

La porte de la façade au couchant est égayée par un élégant encadrement sculpté du début du XVIIe siècle.

Eglise de Saint Martin: portail d'entré

La nef principale est à présent au nord. Elle mène de la porte d’entrée au chœur. La seconde nef est celle de l’autel de la Vierge. A son entrée, on trouve une plaque énumérant les victimes militaires de la guerre de 1914 : 26 noms suivis de deux noms (de victimes des suites de blessures ?). Cette plaque domine un petit autel de bois.

Presque en face de la chaire, avant d’entrer dans le chœur, l’autel Saint-Joseph est accroché latéralement au mur nord. Fait en bois et peint en polychromie, il se veut gothique. Il porte dans trois oculus une fleur de lis. Il est dominé par une statue de Joseph tenant dans ses bras l’Enfant Jésus.

Dans le chœur, des bancs d’œuvre de facture simple se font face.

Le chevet orné de fenêtres en ogive divisées et sommées par un oculus sont du début du XVIe siècle. Il comprend douze vitraux du XIXe siècle dont huit sont figurés.

  • celui de sainte Colombe et celui de saint Louis offerts par le comte et la comtesse de Raigecourt. Les Raigecourt ont hérité par les Leclerc du château de Fleurigny, tenu en fief de la commanderie de Launay.
  • celui de sainte Clotilde offert par souscription.
  • celui de saint François d’Assise offert par la famille des anciens receveurs de Launay, sans doute membres de la famille Bertrand.
  • celui de saint Hubert offert par l’abbé Constantin Leclerc, curé de Druyes
  • celui de saint Sébastien offert par M. Condaminet bienfaiteur de la paroisse. Issu d’une famille de sabotiers venue de Saint-Just-en-Chevalet (Loire) en 1748.
  • celui de saint Etienne offert par l’abbé Etienne Cartault chanoine honoraire de Cussy-les-Forges. Descendant de notables de Sens connus depuis 1449, venus s'établir dans la vallée de l'Oreuse en 1621.
  • celui de saint Martin offert par l’abbé François Lefranc curé de Domats, membre d’une famille arrivée de Courlon en 1711. Les deux derniers vitraux ont été composés par Vermonet-Pommery de Reims en 1887.
Eglise de Saint Martin: vitraux St Etienne et St Martin Eglise de Saint Martin: vitrail St Louis
Vitraux Saint Etienne et Saint Martin Armoiries Raigecourt sur le vitrail Saint Louis

Ils ont succédé à des vitraux renaissance détruits à l'occasion. (Dieu le Père et Annonciation). Sur la fenêtre d’un collatéral se lisait la date de 1539.

Le mur sud de la chapelle de la Vierge est orné d’un vitrail traitant du thème.

Un bénitier en grès porte sur une face un écu à la française plat.

Eglise de Saint Martin: benitier
Elégants fonds baptismaux de la fin du XIXe siècle.

La chaire, appuyée contre un pilier, est ornée d’un panneau à la façon de la fin du XVIIIe siècle.

Le pavement est composée de carreaux en terre cuite. La production était exécutée dans les tuileries locales. L’un représente quatre cœurs s’opposant par leur pointe se fixant sur un rond, aux coins remplis de quatre trilobes. L’autre présente une diagonale destinée à faciliter sa brisure en deux parts pour faire des demi carreaux d’angle.

Le cimetière, originellement au nord de l'église, a été éloigné conformément aux prescriptions des hygiénistes du milieu du XIXe siècle. Le passage de la rue le long du mur nord expliquerait l'excavation de la voie. Les ossements affleurent.

Le territoire paroissial dispose en outre:

  • d'une chapelle Saint Hubert à Barrault,
  • d'une chapelle dans la commanderie des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem (dits Hospitaliers, chevaliers de Rhodes et chevaliers de Malte). Elle a été détruite lors de la révolution.

L'église est désormais le plus ancien et le plus vénérable monument de la commune.